Une web-série engagée entre escalade et écologie : le projet de Nolwen Berthier
Grimpeuse de haut niveau, exploratrice du vivant et ambassadrice engagée, Nolwen Berthier trace depuis plusieurs années une voie singulière entre sport, écologie et transmission. Après avoir gravi les plus belles parois d’Europe, elle revient aujourd’hui avec un projet aussi ambitieux qu’inspirant : “Une voie pour la nature”, une web-série documentaire qui mêle escalade, slow travel et parole d’experts, pour reconnecter notre regard au vivant.
Dans cette interview, elle nous partage les coulisses de ce projet engagé, ses motivations profondes, ses rencontres marquantes, et ce qui la lie à la démarche de Lökki.
Comment est née l’idée du projet de websérie “Une voie pour la nature” ?
Ce projet est né du constat que nous ne faisons pas face à une crise écologique mais à plusieurs. Aujourd’hui dans notre société, les médias alertent quasi exclusivement autour du dérèglement climatique et les stratégies se concentrent sur les émissions carbone, mais en réalité il y a 8 autres limites (ou frontières) planétaires. Ce sont les équilibres qui assurent l’habitabilité de la planète et que nous menaçons : aujourd’hui nous avons dépassé 7 de ces limites. Et il se trouve que l’une d’entre elle est particulièrement interconnectée à toutes les autres : l’érosion de la biodiversité. Notre planète est littéralement en train de mourir, mais on ne dit rien, et on ne fait pas grand chose. J’ai donc voulu explorer le sujet de notre relation au vivant et transmettre mes apprentissages au plus grand nombre.
Qu’est-ce qui a déclenché cette envie d’associer grimpe, slow travel et transmission écologique ?
À travers mon métier (facilitatrice de transformations), j’ai eu la chance de croiser des personnes qui m’ont fait grandir, à la fois dans ma compréhension des enjeux écologiques et dans ma vision de l’engagement. J’ai voulu créer des ponts entre le monde sportif et le monde scientifique, pour donner plus de visibilité à ces personnalités et leurs idées, souvent trop peu entendues par la communauté de l’escalade par exemple. C’était l’occasion pour moi de réunir mes univers.
La série explore des environnements différents (océan, forêt, ville). Pourquoi avoir choisi ces écosystèmes en particulier ?
En tant que grimpeuse, je côtoie très souvent les forêts, et je pourrais donc penser que je ne suis pas très liée aux océans par exemple. Alors que c’est une clé de voûte de la régulation du climat;
L’imaginaire collectif nous invite à penser qu’en ville, il y a très peu de vivants autres que des humains, pourtant nous cohabitons chaque jour avec des espèces, même dans des espaces très urbanisés. A travers cette variété d’écosystèmes, j’ai voulu apporter un autre regard sur ce qu’on appelle « la nature ». Le vivant, il est partout autour de nous, mais nous ne le voyons parfois même plus, alors que nous en faisons partie intégrante et que notre survie en dépend directement. Tout est interconnecté.
- 📸 Thomas Di Giovanni
- 📸 Thomas Di Giovanni
Tu relies dans ton projet deux « voies » : la voie d’escalade et la voix d’un expert. Peux-tu nous parler de cette double métaphore ? Qui sont ceux qui t’ont prêté leur voix ?
Les voies d’escalade sont des petites pépites à côté de chez moi que l’on ne connaît pas toujours. J’ai voulu sortir du culte de la performance et rappeler qu’il y a d’autres critères de sélection. L’escalade se transforme alors en invitation à s’émerveiller et amener une dimension émotionnelle qui me paraît indispensable à la mobilisation autour des crises écologiques. Les chiffres c’est bien, ça alerte. L’attachement émotionnel, c’est encore plus puissant, ça met en mouvement.
Des interviews d’expert.e.s viennent en voix-off sur cette ascension. Ce sont des entretiens que j‘ai menés avec des scientifiques ou des activistes, des personnes qui se battent chaque jour pour la protection du vivant, à leur manière. Vous pourrez retrouver Gilles Boeuf (biologiste et ancien directeur du Museum National d’Histoires Naturelles), Emka de Cannart (biologiste marine et activiste), Samuel Busson (chargé de projet biodiversité et éclairage) et Lionel Minassian (fondateur de l’association Papa Ours Nature).
Tu pratiques l’escalade depuis plus de 15 ans maintenant : est-ce ta passion pour ce sport, ton métier dans l’environnement ou ton engagement profond qui t’a éveillée à l’urgence écologique ?
Mes études d’ingénieur en Energie & Environnement m’ont permis de découvrir ces sujets, puis, lors de mon stage de fin d’étude en tant que responsable RSE, j’ai vraiment pris conscience de l’ampleur des crises écologiques et du rôle que les organisations publiques et privées peuvent – et devraient – jouer dans ces luttes.
Aujourd’hui, j’utilise ma voix de sportive pour porter ces sujets auprès du plus grand nombre.
Comment as-tu vécu ces aventures sur le terrain ? Quels moments t’ont le plus marquée humainement ou émotionnellement ?
Sur le papier, c’était un sacré challenge car c’était la première fois que je coordonnais un projet vidéo et il y avait de nombreuses contraintes (tournage sur corde, météo, logistique, planning des expert.e.s…) mais comme on dit « l’aventure commence là où les compétences » s’arrêtent… et c’était une très chouette aventure !
Chaque rencontre était spéciale à sa manière, ce sont des super souvenirs de vie !
Quelle est ta voie personnelle pour la nature, celle que tu t’efforces de suivre au quotidien ?
“Dépasser mes limites sans dépasser celles de la planète”.
En tant qu’ambassadrice Lökki, qu’est-ce qui fait écho entre notre démarche et la tienne ?
J’admire beaucoup l’approche entrepreneuriale de l’équipe Lökki. Je dirais que nos démarches se rejoignent sur la conviction qu’il peut exister d’autres modèles, plus soutenables, et l’envie d’expérimenter de nouvelles approches, même si on ne sait pas à l’avance ce que ça va donner, et transmettre nos apprentissages auprès du plus grand nombre.
À qui s’adresse cette web-série ? Quel message aimerais-tu que les spectateurs retiennent après avoir vu les épisodes ?
Cette web-série s’adresse à tous ceux qui se sentent vivants et qui souhaitent le rester ! J’espère qu’elle permettra de questionner sur notre relation aux autres vivants, explorer d’autres modèles que celui de domination que l’on connaît actuellement pour redonner du pouvoir à tous ces êtres vivants avec qui l’on cohabite mais que l’on oublie dans nos décisions du quotidien.
Quelques reco pour ceux qui ont adoré ta web-série et voudraient poursuivre leur cheminement ?
Je vous recommande ces 3 livres :
“Antidote au culte de la performance – La robustesse du vivant” de Olivier Hamant
“Manières d’êtres vivants” de Baptiste Morizot
“L’entraide, l’autre loi de la jungle” de Pablo Servigne
À travers ce projet aussi intime qu’universel, Nolwen nous invite à changer de regard, à ralentir, à écouter et à retisser notre lien au vivant. Chez Lökki, on est fier de l’accompagner dans cette aventure qui fait écho à notre raison d’être : cultiver les ferments d’un autre monde !
👉 Pour découvrir la websérie c’est ici : https://www.youtube.com/playlist?list=PLfcZQeuooO9VYITosojG4A4PvcX6S6WAR
Et pour suivre son évolution et ses aventures rendez-vous sur @nolwenberthier








